mercredi 19 octobre 2011

La bohème des-Sept-Douleurs

Une fois la foule ayant piétiné les couloirs autrefois sacrés des de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, et trotté hasardeusement vers leur siège, le capharnaüm des musiciens rajustant une dernière fois leurs instruments retenti. À la tombée du silence qui précède de quelques secondes le début du premier mouvement, je suis assise droite sur l'austère banc de bois qui a du accueillir bon nombre de croyants depuis la construction de l'église.

Je peux presque ressentir la terreur du pêcheur alors que le prêtre du haut de la chaire surplombant la salle bondée, l'accusait personnellement et lui assurait une place en enfer. Mais l'enfer, c'était là, en cet instant, car au moment même où la terreur des menaces le pétrifiait sur place, le pêcheur n'avait qu'une véritable envie : de soulager son postérieur endolori, hors du champ de vision inquisiteur de l'orateur.

Câlisse qu'on est mal assis sur des bancs d'église. J'comprends asteure pourquoi pu personne y va! À ma grande surprise, aucune autre personne que Sophie et moi n'avait l'air d'être importunée par cet inconfort intolérable.

Je vois une annonce pour l'Opéra de Montréal. Je me revois des bancs moelleux de la salle Wilfrid Pelletier quand j'ai été voir La Bohème. Maudit que j'étais bien dans ma robe du soir a pleuré doucement la mort de Mimi avec Éric.


Pff..

Je comprends pourquoi cette église s'appelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.

dimanche 16 octobre 2011

Rends-toé pas trop vite.

Plus on s'approche de son but, plus c'est difficile d'en voir le bout. Que dis-je, le boutte, bout-d'criss. C'est à ce moment-là qu'on commence à douter, et à faire des concessions pour protéger au moins ce qu'on a gagné jusqu'à maintenant. Parce que tu regardes derrière toi, et tout le chemin que tu as fait, il t'as fatigué, parce qu'au pied de la montagne, le sommet à l'air plus difficile à atteindre que lorsqu'on regardait le grand tableau de loin. Parce qu'on a assez marcher juste pour se rendre au début qui serait idéalement le commencement de la fin où ils vécurent tous heureux et eurent beaucoup d'enfants. Heureux, eux-autres avec.

Mais tout d'un coup, t'es plus sur. T'es plus sur pentoute que ça vaille la peine. T'es plus sur de te rappeller combien t'as eu mal, ou combien de fois y'a fallu que tu t'arraches le coeur pour te rendre jusqu'ici. C'était un beau rêve. N'est-ce pas?

T'aurais voulu arriver glorieux,
Et soulager ton faste désir sur le champ.
Ravale tes pleurs, osti d'chialeux.
Faire un pays, ça prend du temps.

mercredi 12 octobre 2011

Pour faire des dumplings.

J'ai toujours eu de la misère à doser, dans tout les milieux de ma vie.

Mettons que je sale mes dumplings, je me rappelle tout d'un coup que... MAUDIT QUE C'EST BON DU SEL. Alors j'en met plein plein plein. Et ça me donne des dumplings au sel, en plus de pierres aux reins. Ou au contraire. Je me méfis. "Ah. la dernière fois j'ai mis plein de sel et j'ai du pisser du sang pour mieux aller. j'vais en mettre... DEUX GRAINS. C'est ben en masse." Et ça ne me donne pas de pierre aux reins, mais des dumplings qui goutent rien.

C'en est assez de cette métaphore gouteuse. eh. douteuse.

Là, j'ai commencé à travailler, et je me suis "débarassé" de toute ce que j'aimais dans la vie. Parce que tout ce que j'aime dans vie c'est contre-productif; fumer pis boère pis écouter/faire de la musique pis écrire un blog c'est pour les traineux, ceux qui ont pas de vie et qui tente désespérement de se convaincre qu'ils ont ben du fun. Moé, au moins je sais que j'ai pas de fun.

Et le reste que j'ai garder, je l'ai sublimé en responsabilitées, Miko, karate, faire des dumplings, faire à bouffer, être ailleurs que chez nous. Quoi. Faut ben que je travail pis que je sois sérieuse. Je respire le moins possible, si je me conscentre sur ma respiration, comment je vais finir mon travail?

Pis comme en ce moment je suis en prise à l'ironie et la frustration (mettons rage), j'aimerais profiter de cette tribune, cette méthode contre-productive, pour envoyer chier toute les personnes qui m'ont dit plusieurs fois que je ne prenais pas mon travail au sérieux, que je ne "travaillais pas" au travail, que je mettais aucun effort dans quoi que ce soit, que je suis paresseuse. Ça veux pas dire que si je n'ai pas une sale gueule comme vous que je ne travaille pas. Je vous accuse personnellement de comment je me sens ce temps-ci, en mode restriction : dégeulasse et pogner en dedans.

Vous vouliez la sale gueule? La voilà. Mordez vos osti de doigts.

samedi 8 octobre 2011

Les talons hauts.

Clac-clac-clac-clac.

Les cliquetis des talons hauts montent en écho contre les murs du hall d'entrée en granit. Les têtes se retournent à peine, marquées la dynamique du bon matin nonchalant. Un son familier. Des millions de cliquetis-clac, des millions de pas. Une horde de femmes prend les tours à bureaux d'assaut dans la métropole arborant fièrement leurs sabots de guerre des sexes, dans un brouhaha assourdissant. Lentement mais surement, à petits pas de geisha, elles remplissent les bureaux, et perchées là-haut, trouvent-elles peut-être une confirmation de leurs existences et de leurs sacrifices.

Clac-clac-clac-clac.

FAIT ÇA CLAIR, COYOTE.

Je suis fâché contre le port du talon haut. POURQUOI? Parce que des fois, oui, OUI, je flanche sous la pression sociale, surtout lorsqu'on me met au défi d'en porter pour toute une journée au bureau.

Le pire, c'est que c'est vraiment facile de se "sentir bien " en observant cette tradition féminine, de se "sentir femme " par procuration, juste parce que tu fais quelques choses d'exclusivement féminin. Juste parce que, le débalancement dans tes chevilles fait ressortir ton cul et que pour rétablir l'équilibre tu sors la poitrine en rejetant les épaules par en arrière.

Et c'est ça le corps d'une femme. Criss, ça marche même avec le mien! Je me sens comme un morceau de viande AUSSI ALLÉCHANT QUE TOUS LES AUTRES.

Des fois se rendre compte qu'on est à deux doigts de rentrer dans le moule te fait chérir ton instinct de rébellion, ta sensibilité poétique et ton sens de l'observation cynique à souhait.

Ce n'est pas la dernière fois que je mettrais des talons hauts pour aller au bureau, dans une soirée, ou ailleurs. Mais que l'ironie-reine-du-monde et la crampe dans mes mollets m'en soient témoin, l'estime de ma féminité et de mon image ne sera jamais remontée par des souliers. Aussi haut peuvent-ils être.

samedi 1 octobre 2011

bref contact.

J'ai rencontré un gars cette semaine - NON! Ne vous lancez pas sur le téléphone pour savoir si je suis enfin de retour dans le droit chemin, ou comme j'aime l'appeler : le chemin straight.

C'est juste un gars que je ne connaissais pas la semaine passée, et que j'ai rencontré cette semaine. C'était sensé être une rencontre business, rien de plus banal, du genre, montre-moi ce que t'as, je te donne ce que j'ai on se sert la main et on est content chacun de notre bord. (NON, je sais ce que vous pensez! pas services sexuels mutuels, bande de COCHONS!) Sauf qu'il y a eu un bref contact.

Dans les 30 minutes qu'ont duré le rendez-vous, j'ai l'impression qu'on a échangé UNE TONNE d'information l'un sur l'autre, un résumé compressé en .zip de nos vies.  Et j'ai bien l'impression de l'avoir écouté comme il faut. J'espère! J'espère! J'ai l'impression d'avoir fait de l'écoute active.

Tout ça, parce que j'ai avoué une faiblesse, ma vulnérabilité dès le début. Après tout, je n'avais rien à perdre, ça ne devait que durer 30 insignifiantes minutes, un mercredi soir.

Mais ce fut 30 minutes authentiques et drôlement placées dans l'horaire de ma vie.