J'ai menti à un pur
étranger, pour rien, juste comme ça. Je savais que ce n'était qu'un passant que
je ne croiserais plus jamais, dans le tollé de visages anonymes qui défilent
follement de tous les côtés, leur quotidien se fracassant contre le mien.
Il n'avait aucune
méchanceté en lui, il me lançait une main honnête, simplement, sans arrière-pensées :
"Excuse-me, where did you buy that bag?"
"Oh it's handmade"
"Wow, what is it made of? Is that real basket-ball fabric? Who did
it?"
"My mother did", mentis-je.
"Well, I'd pay her to make me one! Could she do it?"
"Oh, well... my... My
mother is dead." que j'lui réponds en le regardant dans les yeux.
Et puis j'esquisse un
sourire humble qui semble répondre à sa gêne : "C'est correct, tu ne
le savais pas ". Visiblement mal à l’aise, l'étranger s'excuse et
nous nous laissons emporter naturellement par le flot de la foule, dans des
directions opposées, complètement opposées.
Le seul contact que je
n'aurais jamais avec cette personne aura été un mensonge éhonté, une rebuffade
sans vergogne, complètement inutile. Comme s'il avait posé un regard intrusif
dans ma vie, j'ai senti que je ne lui devais aucune explication, à lui et
son honnêteté désarmante.
C'était tellement plus
facile de laisser une forte impression. Pas trop à l'étranger, beaucoup à
moi.
En vérité, je n'ai aucune
idée pourquoi je lui ai menti, pourquoi j'avais besoin d'un regard sympathisant,
aussi feint soit-il, à ce moment-là.
Tout le monde ment.
Quelqu'un qui dit qu'il ne ment pas est un sale menteur. Les autres sont des
menteurs hygiéniques. C'est au moins ça.
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